30 Mai 2012

CLQ

Contrer la montée des intégrismes religieux

 Montréal, le 27 mai 2012 – La Coalition Laïcité Québec (CLQ) se réjouit du fait que lors des Etats généraux de l’action et de l’analyse féministes,  le 26 mai 2012, les participantes ont obtenu que la Fédération des femmes du Québec (FFQ) se penche sur la question des intégrismes religieux.

«Contrer, d’une part, la  montée des intégrismes religieux qui perpétuent et promeuvent des traditions sexistes opposées à l’émancipation des femmes et, d’autre part, la marchandisation du corps et de la sexualité des femmes, qui font tous deux partie d’un continuum visant le contrôle social des femmes». Le «défi», ainsi libellé et adopté par la majorité des participantes, indique clairement sur quelles bases doit se faire la réflexion.

«C’est une très bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui constatent cette résurgence des fondamentalismes religieux  et qui croient que le Québec a tout intérêt à respecter ses engagements pris dans le cadre de la Convention internationale pour l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes» (CEDEF), explique Michèle Sirois, coordonnatrice de la CLQ.  La CEDEF insiste précisément sur la nécessité de mettre fin aux coutumes et pratiques discriminatoires[*].

En toile de fond de cette préoccupation, on pense aux attaques répétées contre le droit à l’avortement.  On se rappellera également qu’en 2009, la FFQ avait donné son appui au port des signes religieux dans les services publics et même, en 2010, au port du niqab dans les services de garde en milieu familial dans le cadre des discussions autour du projet de loi 94.  A la suite du tollé soulevé par cet appui, la FFQ a cependant retiré cette dernière recommandation.

Pour la CLQ, l’appui majoritaire de l’assemblée des États généraux à cette réflexion donne espoir que la FFQ revienne sur sa position sur la laïcité dite ouverte. Comme le dit le philosophe Henri Pena-Ruiz, on ne parle pas de justice ouverte. «Comme la justice, la laïcité est ou n’est pas», de conclure Michèle Sirois.

*Les états s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions  législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femmes. (Article 2 f, Convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes)


[*] Les états s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions  législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femmes.Article 2 f, Convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (CEDEF)

12 avril 2012

Quel modèle de laïcité pour le Québec ?

23 mars 2012

Pour voir la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=eeT-xrJErR0

Quel modèle de laïcité pour le Québec : « Ouverte » ou « Sans adjectif » ?
Enregistrement intégral du panel organisé par la Coalition Laïcité Québec le 26 avril 2012 au Centre St-Pierre à Montréal. Participants: Caroline Beauchamp, juriste, Prof. Henri Peña-Ruiz,…
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Ajoutée le 2012-05-02
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La Coalition Laïcité Québec a réuni trois spécialistes de la laïcité afin de débattre du modèle de laïcité dont le Québec a besoin. Afin de contribuer au débat citoyen, les trois participants ont été choisis parce qu’ils présentent des profils et des opinions qui peuvent être complémentaires, ou même divergents.  Avec :

Henri Pena-Ruiz est maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris et professeur agrégé de philosophie en Khâgne (classe supérieure classique) au lycée Fénelon. Philosophe et écrivain défendant les valeurs de solidarité, il est devenu un spécialiste des questions de laïcité qu’il pose comme fondement de l’universalité. C’est à ce titre qu’il a été en 2003, l’un des vingt sages de la commission sur la laïcité présidée par Bernard Stasi. Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur la laïcité et sur les valeurs de la République dont le livre Qu’est-ce que la laïcité ? (Gallimard, 2003).

Tout prochainement paraîtra Entretien avec Karl Marx (Paris 2012, Editions Plon).

Caroline Beauchamp est juriste spécialisée en droit constitutionnel. Après avoir travaillé comme avocate au ministère de la Justice du Québec, elle est aujourd’hui consultante en droit et rédactrice. Elle est la principale rédactrice de l’Avis du Conseil du statut de la femme (Affirmer la laïcité, un pas de plus vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes) et a publié en 2011 un essai Pour un Québec laïc (Presses de l’Université Laval).

Daniel Weinstock est professeur titulaire au département de philosophie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique et philosophie politique. Il a publié de nombreux ouvrages portant sur l’identité, le nationalisme et le pluralisme. Il est l’un des principaux auteurs du Manifeste pour un Québec pluraliste qui voulait rassembler les forces en faveur d’un modèle de laïcité ouverte.

Rachida Azdouz Psychologue, spécialiste en relations interculturelles et directrice du Service de soutien à l’enseignement de l’Université de Montréal

Autres activités de M. Pena-Ruiz

Interview par Louise Mailloux : Une laïcité sans adjectif  

Conférence au Centre humaniste, le 27 avril 2012 : Laïcité et émancipation

Interview à l’émission Médium Large avec Catherine Perrin


 

Henri Pena-Ruiz

22 mars 2012

Wassyla Tamzali à Montréal les 2, 8 et 9 novembre 2011

30 septembre 2011

Wassyla TAMZAL

 Wassyla Tamzali   Biographie

Voir ci joint

1-Femmes arabes, laïcité, égalité des sexes : mercredi 2 novembre 2011, 19h00

Salle « Cœur des sciences » de l’UQAM 200, rue Sherbrooke ouest, Montréal

Table ronde : Wassyla Tamzali, Yasmina Chouakri, Leila Lesbet, Émilie Guimond-Bélanger, Jacques Beaumier

Organisée par la Coalition laïcité Québec (en collaboration avec la Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté de l’UQAM (CRIEC) et le Festival du monde arabe)

Dans le présent contexte politique du « printemps arabe » où plusieurs populations du Moyen-Orient et du Maghreb ont remis en marche le cours de l’histoire, nous sommes témoins du rôle des femmes dans cette marche vers la justice, la démocratie, la modernité et la laïcité.

Qu’en est-il des Québécoises d’origine arabe ? Quel est le rôle de la laïcité pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes? Et de quelle laïcité s’agit-il? Nos choix par rapport à la laïcité s’articulent-ils avec les valeurs fondatrices du Québec, à savoir la primauté du français, l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la séparation entre l’État et les religions ?

Pour en savoir plus

2- Les révolutions arabes et les femmes : Mardi 8 novembre 2011, 18h00

Maison de la culture Frontenac 2550, rue Ontario Est

 

Conférence : Wassyla Tamzali

« Les révolutions arabes méritent bien leur nom. Pour nous femmes, c’est un nouvel espoir après celui trahi des indépendances. Aujourd’hui, l’histoire se remet en marche. Nous allons enfin tourner la page du post-colonialisme et prendre le chemin qui mène de la libération nationale à la liberté pour tous et pour toutes. La démocratie, le féminisme et la laïcité comme condition préalable seront au cœur du développement du changement dans les pays du sud de la Méditerranée. » (Wassyla Tamzali)

3- Le monde arabe : laïc ? démocratique ? Mercredi 9 novembre 2011, 18h00

Maison de la culture Frontenac 2550, rue  Ontario Est

Table ronde: Wassyla Tamzali, Sami Aoun, Mohammed Aziz, Faten Guedouar

Faisant l’objet d’un discours cristallisé le montrant comme réfractaire au processus universel de la démocratie et évoquant avec force la « singularité arabe » synonyme de dysfonctionnement de la société, rigidité politique et déterminisme culturel, ce panel s’intéresse à l’après-révolution du monde arabe, champ fertile pour des débats passionnés entre deux visions antagonistes de la société: Un État laïc en phase avec les droits de l’homme et les libertés individuelles et un État islamiste où la situation des droits de l’Homme pourrait connaître une régression.

15 mars 2010

 

 

La laïcité sans compromis quant aux droits des femmes

Michèle Sirois, anthropologue et spécialiste en sociologie des religions

Bernard La Rivière, docteur en théologie et membre du comité laïcité de Québec solidaire

Tous deux sont porte-parole de la Coalition Laïcité Québec

L’Avis que vient de publier le Conseil du statut de la femme (CSF) (Affirmer la laïcité, un pas de plus vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes) touche un sujet très sensible. Dans le contexte actuel où se déchaînent les passions autour de la question du voile intégral (niqab, burqa) ou encore de celle des symboles et rituels religieux dans les institutions publiques (ex. la prière du maire Jean Tremblay),  le CSF apporte une bouffée d’air frais dans la controverse qui oppose deux conceptions de la laïcité, qui sont à la fois deux visions antithétiques d’intégrer les minorités et deux voies divergentes pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes.

Argumenté solidement, cet avis identifie les questions, les problèmes et surtout il apporte des réponses cohérentes, constructives et dans le respect des droits des uns et des autres. La question de l’identité québécoise est alors replacée dans le contexte d’une société moderne et hors des sentiers du repli identitaire auquel nous ramène la bataille pour le maintien du crucifix à l’assemblée nationale.

La vision confuse de la «laïcité ouverte»

La réaction du maire de Saguenay à la décision du Tribunal des droits de la personne au sujet de la prière et du crucifix aux séances du conseil municipal rappelle une époque que l’on croyait périmée. Depuis la fin des années 60 et la Révolution tranquille, l’identité des Québécois ne repose plus sur l’association entre la nation et la religion. Nous sommes devenus des Québécois, délaissant l’appellation de Canadiens-français catholiques.

Devant ces Québécois et Québécoises qui appuient l’appel du maire Tremblay, nous sommes nombreux à croire qu’une grande partie de la responsabilité de ce recul revient à la Commission Bouchard-Taylor qui a fait la promotion de la «laïcité ouverte». Le reste de la confusion doit être attribué à l’inaction du gouvernement face à la nécessité d’enchâsser la laïcité dans la Charte des droits de la personne et de baliser les décisions des administrations publiques avec une Charte de la laïcité.

On se rappellera que la Commission avait été mise sur pied justement pour répondre aux demandes d’accommodements religieux qui soulevaient de plus en plus l’impatience des citoyens et surtout des citoyennes, car plusieurs de ces arrangements se faisaient au détriment des droits des femmes. On peut mentionner à titre d’exemple le refus d’intégristes religieux de faire affaires avec des employées féminines de la Société d’assurance automobile du Québec, ou encore la recommandation faite aux policières de la Ville de Montréal de se mettre en retrait lorsque le citoyen interpellé appartenait a un groupe religieux intégriste qui refuse la mixité.

Au lieu de prendre position en faveur de la laïcité dans l’espace civique (à savoir les institutions publiques comme les hôpitaux, les écoles, l’assemblée nationale, etc.), la Commission Bouchard-Taylor a décidé d’en faire un débat sur l’intégration des personnes immigrantes et d’ouvrir grands les bras à toutes les manifestions religieuses venues d’ailleurs telles que le hidjab, le kirpan, le turban, les prières sur les lieux de travail, les congés supplémentaires, la non mixité des piscines, etc. Mais du même souffle, la Commission s’est empressée de demander à la société d’accueil de cacher tous ses crucifix, soudainement devenus des manifestations d’un manque d’ouverture au pluralisme.

Confusion et dérapages

De même, la protection des libertés religieuses et des droits individuels a été présentée comme le meilleur moyen d’intégration des minorités, banalisant du même coup des symboles de l’oppression des femmes tel le hidjab. Ces positions, d’ailleurs partagées par le Bloc québécois, Québec solidaire et la Fédération des femmes du Québec, ont fait en sorte que plusieurs Québécois ne se sentent pas écoutés dans leurs aspirations légitimes et se tournent de plus en plus vers les traditionnalistes qui invoquent le patrimoine pour camoufler le retour du religieux dans l’espace civique.

C’est d’ailleurs le même phénomène qui explique qu’en Europe, l’extrême-droite se présente comme la réponse aux peurs et frustrations de populations confrontées au chômage, à la crise économique et financière et aux doutes face à l’immigration. Confusion, zizanie et risques de dérapages xénophobes sont au rendez-vous.

Une vision claire de la laïcité

Par opposition, le CSF explique éloquemment qu’il ne peut y avoir de cohésion sociale sans le respect des trois valeurs fondamentales sur lesquelles se fonde le Québec moderne, à savoir la primauté du français, la séparation entre les sphères politique et religieuse et enfin, l’égalité entre les femmes et les hommes. Le CSF nous rappelle que la laïcité qui assure la protection de la liberté et de l’égalité entre toutes les citoyennes et citoyens ainsi qu’entre toutes les religions n’est pas reconnue officiellement et que le gouvernement doit corriger cette situation.

L’autre mérite du CSF, c’est d’avoir mis le doigt sur ce qui cloche dans l’approche anglo-saxonne jusqu’à présent utilisée au Canada et conséquemment imposée par la Cour suprême et entérinée par plusieurs de nos institutions. Selon le CSF, « […] en favorisant les droits individuels sans présenter de contrepoids en ce qui concerne les valeurs collectives, la «laïcité ouverte» enferme la société dans une logique individualiste qui ne permet pas de contrer la politisation des religions qui prend la forme de l’intégrisme ou de la droite religieuse». En ouvrant la porte aux manifestations sexistes sous le couvert de la liberté de religion, la «laïcité ouverte» entrave la marche vers l’égalité réelle entre les sexes.

Par contre, en interdisant le port de signes religieux ostentatoires pour ses employés, l‘État crée un espace où ceux-ci peuvent se soustraire aux pressions sociales, culturelles et religieuses qui s’exercent sur eux. C’est tout particulièrement le cas des femmes en raison du statut inférieur qui leur est réservé dans les religions. Ainsi le visage de neutralité de l’État sera apparent et conforme à ce qu’il doit être dans une société pluraliste.

Enfin, le CSF se prononce contre le volet «culture religieuse» du cours Éthique et culture religieuse (ECR) en raison, entre autres, de son contenu peu critique par rapport aux religions, notamment en ce qui a trait au statut et au rôle des femmes dans les religions. Le CSF recommande plutôt d’enseigner les religions dans une perspective historique et de mettre en place une éducation civique, à savoir l’enseignement des valeurs collectives, dont l’égalité entre les sexes qui est une condition essentielle pour un vivre-ensemble harmonieux et conforme aux règles démocratiques.

Au moment où les chantres de la «laïcité ouverte» s’apprêtent à tenir en mai prochain leur Symposium sur l’interculturalisme sous la direction de Gérard Bouchard, cet avis du CSF arrive à point nommé pour mettre en lumière le recul important que représente pour les droits des femmes la réintroduction du religieux dans les institutions publiques. Il faut espérer que les militants du multiconfessionnalisme et du multiculturalisme prendront le temps de méditer ces quelques lignes :

«La «laïcité ouverte» nourrit la fragmentation citoyenne en mettant l’accent sur les différences entre les personnes, plutôt que sur ce qui les unit : leurs valeurs communes et leur engagement à les respecter. Or, le Québec se distingue sur le continent par sa langue et sa culture; son besoin de cohésion est vital. Cela n’a rien à voir avec le repli sur soi, mais tout à voir avec le respect de soi.» (p. 80)